29/11/2016
L’Ukraine vient d’inaugurer le dôme de confinement qui recouvre le réacteur accidenté de la centrale nucléaire de Tchernobyl, un projet hors normes de 2 Md€ financé par la communauté internationale et qui doit assurer la sécurité du site pour les 100 ans à venir.
Le nouveau confinement en avril 2015
En forme d’arche, cette cloche de confinement est une ossature métallique de 25 000 tonnes (36 000 tonnes avec les divers équipements prévus), de 108 m de haut et de 162 m de long.
« Ce qui revient à pouvoir couvrir le Stade de France ou la Statue de la Liberté », résume dans un communiqué Novarka, coentreprise des groupes français Bouygues et Vinci, qui a conçu et réalisé l’arche. D’une durée de vie d’au moins 100 ans, selon les constructeurs, elle doit confiner les matières radioactives et le sarcophage existant. La cloche de confinement dispose d’équipements qui vont permettre de procéder aux opérations futures de démantèlement du réacteur numéro 4.
Il y a 30 ans, le 26 avril 1986, à 01 h 23, ce réacteur explosait au cours d’un test de sûreté. Pendant 10 jours, le combustible nucléaire a brûlé, rejetant dans l’atmosphère des éléments radioactifs qui ont contaminé, selon certaines estimations, jusqu’aux trois quarts de l’Europe, mais surtout la Russie, l’Ukraine, le Bélarus, alors républiques soviétiques.
En 206 jours, un sarcophage, d’une ossature métallique de 7 300 t et composé de 400 000 m3 cubes de béton, a été construit par 90 000 personnes dans des conditions très difficiles, afin d’isoler le réacteur accidenté. En quatre ans, quelque 600 000 Soviétiques, connus depuis sous le nom de “liquidateurs”, ont été dépêchés sur les lieux de l’accident pour éteindre l’incendie, construire la chape de béton afin d’isoler le réacteur accidenté et nettoyer les territoires aux alentours.
Le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat. Le comité scientifique de l’Onu (Unscear) ne reconnaît officiellement qu’une trentaine de morts chez les opérateurs et pompiers tués par des radiations aiguës juste après l’explosion, mais selon certaines estimations le bilan se chiffre en milliers de morts.
L’ancien sarcophage pourrait s’effondrer
Si la durée de vie du sarcophage était initialement de 20 voire de 30 ans, elle s’est finalement avérée beaucoup plus courte. Dès 1999, il a fallu mener des travaux de renforcement du sarcophage, puis à nouveau en 2001, 2005 et en 2006. La nouvelle arche doit pouvoir résister à un séisme pouvant atteindre une intensité maximale de 6 sur l’échelle de Mercalli (qui en compte douze). Face au risque d’un effondrement de l’ancien sarcophage, qui signifierait que des tonnes de magma hautement radioactif seraient à l’air libre, la communauté internationale s’est engagée à financer la construction de la nouvelle chape.
Un fonds géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a été créé et les travaux de construction ont débuté en 2012. Selon la Berd, le coût de la construction de l’arche s’est élevé à 1,5 Md€. Le montant de l’enceinte complète de confinement est estimé, lui, à 2,1 Md€.
Une fois en place, l’arche ne sera opérationnelle que fin 2017, le temps d’installer des équipements complémentaires pour qu’ensuite commencent les travaux de démantèlement de l’ancienne construction. Mais pour l’instant, aucun calendrier n’a été adopté.