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La profession pose les bases de la nouvelle mine en France


Le 72e congrès de la Société de l’industrie minérale s’est tenu à Bordeaux du 3 au 6 octobre. Ce millésime 2023 a marqué le début d’une nouvelle époque de la mine en France. La transition énergétique s’accélère et les industriels français veulent être au rendez-vous. L’économique et le politique vont devoir travailler ensemble pour limiter la dépendance de la France à des approvisionnements extérieurs. Reste à convaincre les territoires. Les enjeux de cette période clé, ainsi que des propositions de solutions, ont été exprimés lors de la séance inaugurale.

En 2023, pour son congrès annuel, la Société de l’industrie minérale a posé ses valises à Bordeaux, chef-lieu de la région Nouvelle-Aquitaine. Une cité portuaire hautement symbolique pour l’industrie, puisque sa périphérie est un pôle central et stratégique du secteur aéronautique et spatial. La Nouvelle-Aquitaine, plus vaste région de France (12 départements) et la quatrième en nombre d’habitants, détient de multiples atouts pouvant expliquer son dynamisme : un littoral long de 700 km, attrait touristique et renommé pour sa conchyliculture, un climat tempéré océanique avec des sols propices à l’agriculture, notamment viticole, ainsi qu’un sous-sol de géologie variée, source, de tout temps, de matières premières minérales et même énergétiques avec l’extraction pétrolière.
Mais, comme partout ailleurs, le réchauffement climatique contraint le secteur économique à revoir ses modèles de croissance, en particulier sur la question de l’énergie dont la production primaire mondiale est encore à 80 % d’origine fossile et responsable des principales émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Dans ce contexte, la France s’est engagée, au sein de l’Union européenne, à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, avec pour objectif de réduire sa dépendance aux énergies fossiles et d’opérer une décarbonation des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre. « Pour l’industrie minérale, ces mutations constituent un véritable défi et soulèvent des interrogations sur le réalisme d’une telle transition énergétique », souligne en ouverture Jean-Michel Négroni, président du 72e congrès de la Sim et secrétaire général de l’association. D’où la question posée cette année : industrie minérale et transition énergétique, virage ou mirage ? « La profession, si elle est convaincue de ce bienfondé, est contrainte à une lucidité technique, économique et sociétale », annonce le président du congrès.



Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Jean-Michel Négroni, secrétaire général de la Société de l’industrie minérale, était le président du 72e congrès de la Sim. Géologue retraité de chez Imerys, il est également le président du district Nouvelle-Aquitaine de la Sim, une région qu’il connaît donc comme sa poche ! © Sim/JPMR

Accélération en sortie de virage

Les filières industrielles font face à un défi d’ampleur mondiale, en passant d’un monde fondé sur l’extraction des ressources fossiles à un monde “électrique”, dans lequel la ressource sera celle des minéraux et des métaux, en raison de leurs propriétés physiques. En référence à la thématique choisie pour l’édition 2023 du congrès, « la transition énergétique est bien une accélération pour l’industrie minérale », assure Benjamin Gallezot, délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques. Attention toutefois, « car il faut pouvoir produire les véhicules électriques et les panneaux solaires dans des délais compatibles avec les exigences de cette transition ». Sans omettre l’enjeu de la compétition et de la souveraineté pour l’accès à ces ressources. « Notre économie est dépendante de ces ressources minérales, mais elle ne peut pas trop dépendre de l’extérieur. Il faut donc diversifier les approvisionnements sur toute la chaîne, et les réaliser au maximum en France et en Europe en ce qui concerne l’extraction des matières, la transformation et le recyclage. Cet enjeu se situe d’ailleurs en haut de la pile pour le gouvernement (voir encadré) ». Enfin, la soutenabilité du développement de ces ressources doit être maîtrisée, puisqu’elle est importante sur le fond, pour limiter l’impact sur les écosystèmes, autant que pour l’acceptabilité de cette transformation. « Il y a aussi un combat d’opinion à mener : il faut convaincre de l’importance des minéraux. C’est quelque chose que je souhaiterais pouvoir développer avec la Sim. Comment mieux valoriser nos compétences et expliquer les enjeux de cette transition de l’industrie minérale ? L’organisation de la Sim et son ancrage dans les territoires me semblent fondamentaux pour défendre et expliquer cette industrie », avance Benjamin Gallezot.


Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Les conférenciers invités à la séance inaugurale du congrès-exposition ont pris la parole devant près de 150 personnes. La problématique « Industrie minérale et transition énergétique, virage ou mirage ? », a provoqué dans la salle des réactions contrastées. © Sim/JPMR

Est-ce que les ressources existent ?

Entre 2023 et 2050, l’extraction mondiale des matières premières va doubler par rapport à la période 1950-2023, avec une augmentation de 2,6 % par an au total et de 3,3 % pour les métaux, avec des écarts allant de 1 à 15 % selon le type, d’après les prévisions de l’Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi1). Les besoins explosent notamment pour les métaux des batteries (cuivre, nickel, lithium, cobalt).
Il y a deux ans, les ressources en cuivre sur la planète étaient estimées à 3,5 milliards de tonnes, avec des réserves autour de 870 Mt. En 2000, on n’était qu’à la moitié. En 20 ans, les ressources de cuivre ont ainsi très largement augmenté, alors que les réserves ont peu évolué. « Ce phénomène est lié à un manque d’anticipation et d’investissement pour transformer la ressource en réserve, pour mettre au point des procédés permettant de valoriser les ressources et un modèle économique qui montre sa viabilité », analyse Stéphane Bourg, directeur de l’Ofremi.
Pour le lithium, les ressources ont été multipliées par 7 en 20 ans. Si l’on traduit ces quantités en consommation annuelle, on constate que pour le lithium, nous sommes à plus de 250 ans de réserves “au rythme 2021” de consommation. En 2021, pour le cuivre, on est à 30 ans de réserves. « Les ressources sont dans le sous-sol, mais il faut les chercher. D’où l’intérêt de l’inventaire minier qui a été annoncé début octobre par Emmanuel Macron. La connaissance que l’on en a aujourd’hui dépend des besoins que l’on a eu dans le passé, et pas de ceux que l’on a maintenant. Il faut donc revenir dans l’inventaire des ressources géologiques de la France, de l’Europe et plus largement », alerte le directeur de l’Ofremi.


Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Les conférenciers de la séance inaugurale du 72e congrès-exposition de la Sim (de g. à d.) : Jean-Michel Négroni, président du congrès et secrétaire général de la Sim, Alessandro Dazza, directeur général d’Imerys, Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, Benjamin Gallezot, délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques, Stéphane Bourg, directeur de l’Observatoire français des ressources minérales, Gaétan Lefebvre, ingénieur géologue expert en intelligence minérale au BRGM, Thierry Meilland-Rey, président de la Sim. © Sim/JPMR

La question de l’accès aux ressources

Si les ressources existent, encore faut-il les avoir à disposition quand on en a besoin. Entre 2025 et 2030, pour le cuivre, le lithium et le cobalt, le besoin va dépasser les quantités disponibles dans les réserves et dans les mines qui pourraient être mises en service. « Une transition s’anticipe, sachant qu’il faut 15 à 20 ans pour ouvrir une mine. On ne peut pas être certains qu’il y a 15 ans, on ait anticipé la situation d’aujourd’hui. L’enjeu ne porte donc pas sur l’existence des ressources mais sur leur disponibilité en temps voulu », explique Stéphane Bourg.
D’autre part, l’accès à ces ressources devra se faire « dans des conditions sociétales et économiques soutenables ». Pour le cuivre et tous les métaux de base, les gisements les plus riches, ceux qui sont le plus proche de la surface, ont déjà été épuisés. Il faut donc aller de plus en plus profond. « La transition repose aussi sur des petits métaux qui demandent un excès d’énergie, pour les produire, loin d’être négligeable. Aujourd’hui, 10 % de l’énergie mondiale sert à extraire et à raffiner les matières premières. Cela ne devrait pas baisser », prévient le directeur de l’Ofremi. Un enjeu qui « ne devrait pas reposer uniquement sur les épaules des exploitants miniers, mais de tous les maillons de la chaîne de valeur et notamment ceux qui mettent à disposition les produits basés sur ces matières ».


Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Cette année, 54 étudiants ont prêté main forte à l’équipe organisatrice du congrès. Ils venaient des écoles ENSG, UniLaSalle et des universités de Montpellier et d’Orléans (Osuc). Comme tous les ans, en échange d’une invitation à participer au congrès, ils sont chargés de diverses missions d’appui logistique. Un grand merci à eux pour leur sérieux et leur professionnalisme ! © Sim/JPMR + Etudiants Master 1 et 2 Montpellier / Crédit : Sim/VM + Etudiants OSUC Orléans / Crédit : Sim/VM + Etudiants UniLaSalle / Crédit : Sim/VM

Quels sont les risques pour la souveraineté ?

La localisation des ressources et la centralisation de la production de certaines matières dans un petit nombre de pays sont le premier risque pour les approvisionnements français. « Ouvrir des mines ailleurs permet de répartir le risque », poursuit Stéphane Bourg. Ce raisonnement est valable pour le reste de la chaîne de transformation. Les étapes de transformation sont elles aussi conduites en monopole dans un petit nombre de pays, plutôt asiatiques.
Le directeur de l’Ofremi tient à souligner la « surestimation » du rôle du recyclage : « Il est indispensable pour une utilisation durable des ressources, mais il faut recycler en sachant pourquoi on le fait et comment on le fait ». Pour le cuivre, l’humanité aura besoin, entre 2020 et 2050, de la même quantité produite depuis l’Antiquité, c’est-à-dire 1 milliard de tonnes de minerai. « Même s’il est bien recyclé, il en manquera. L’industrie du cuivre doit intégrer le recyclage et la production primaire et faire en sorte que ces deux boucles soient communes pour baisser les coûts d’opération », propose Stéphane Bourg.
Pour le lithium, on attend +15 % de croissance, c’est un doublement du marché tous les 5 ans, donc en 15 ans le marché sera multiplié par 8. « Si on recyclait 100 % des matières mises en jeu il y a 15 ans, on n’aurait que 12,5 % de ce lithium, 88 % viendraient toujours de la mine ». D’autant plus que, contrairement à la mine qui contient un stock connu, caractérisé, dont la production annuelle dépend de la demande de l’année, le recyclage dépend de flux dont la composition est variable et aléatoire, en fonction des produits arrivant en fin de vie. « Dans les phases de grande transition, la seule réponse à la demande en matières premières est la production primaire à partir de la mine. Il faut l’assumer et l’anticiper, et donc ouvrir des mines. Ces mines ne peuvent pas être uniquement ailleurs, il faut investir en France et en Europe. La valorisation des ressources secondaires est indispensable, et il faudrait relocaliser toutes ces industries en Europe pour mieux les contrôler et sécuriser les chaînes d’approvisionnement. Enfin, nous devons utiliser ces matières stratégiques à leur juste besoin, en faisant le meilleur usage des matières », conclut Stéphane Bourg, qui prend pour exemple une voiture électrique ayant la bonne puissance de batterie par rapport à son utilisation quotidienne.


Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Au parc des expositions de Bordeaux, le hall 2, récemment rénové, a accueilli pendant 2 jours et demi près de 3 200 visiteurs. Sur l’exposition, la fréquentation était en hausse de 20 % par rapport aux éditions précédentes, un succès qui s’explique aussi par le nombre record d’exposants en 2023. © Sim/JPMR

Le cas des batteries pour les voitures électriques

Les batteries, justement, sont une des réponses à la question de la mobilité dans le cadre de la transition énergétique, afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire. L’Europe est d’ailleurs envisagée, à horizon 2030, comme le deuxième marché des ventes de véhicules électriques. Mais, en 2017, à peine 1 GWh d’équivalent énergie était produit sur le sol européen, quand 1 TWh est envisagé pour 2030, d’après le BRGM. « Le saut est énorme. Est-ce qu’on a le temps nécessaire pour monter les ressources en capacité et produire cette capacité d’énergie en Europe ? », interroge Gaétan Lefebvre, ingénieur géologue expert en intelligence minérale au BRGM. Dans le cadre de ses travaux menés pour l’Ofremi, où il envisage deux scenarii sur les usages de la voiture électriques en France (dans le premier, une substitution des véhicules conventionnels par les véhicules électriques avec les mêmes usages de la mobilité, c’est-à-dire un passager par voiture, et le deuxième où les utilisations des batteries sont adaptées à leur fonction), il apparaît que les batteries au lithium devraient être dominantes au moins dans les 5 à 15 prochaines années. Pour le lithium, les quantités et besoins français ne varient pas énormément, entre 11 et 17 kt par an selon le scénario (soit 20 % des besoins européens anticipés). « Ce besoin pourra être approvisionné localement en fonction de la montée en puissance des mines en Europe ».
Par contre, pour des technologies riches en nickel, on observe une substitution du cobalt au profit du nickel, réduisant la tension sur le cobalt. Pour le nickel, les besoins sont estimés à 60 kt/an pour les véhicules en circulation en France en 2035, soit deux fois la production d’une mine mondiale aujourd’hui, comme celle de Terrafame en Finlande. « Il y a des filières françaises à construire sur le lithium, c’est faisable et c’est déjà en cours, mais il ne faut pas perdre de temps. Si les mines seront peut-être dans un premier temps situées hors d’Europe, il faudra ensuite sécuriser les flux. Pour le cobalt, dont la substitution par le nickel est engagée, la tension est diminuée mais la solution sera de panacher les usages, de mixer les différentes solutions », résume Gaétan Lefebvre.


Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Le soleil se lève sur le quartier de Bordeaux Lac et l’exposition extérieure. Sur 5 000 m², 28 grosses machines et 10 petits équipements étaient présentés aux visiteurs. © Sim/JPMR

La transparence est clé

Parmi les entreprises françaises qui s’engagent sur le lithium, il faudra compter sur Imerys, premier producteur mondial de solutions à base de minéraux de spécialité, qui a fait de l’“or blanc” l’un de ses principaux développements, à travers le projet Emili, exploitation de mica lithinifère. « En partant du principe que la mobilité émet entre 20 et 30 % des émissions de CO2 dans le monde aujourd’hui, l’électrique est la seule technologie vraiment viable, car elle émet quatre fois moins pendant sa durée de vie (200 000 km) qu’une voiture à essence, selon le directeur général d’Imerys, Alessandro Dazza. Le lithium entrant dans la composition des batteries est le métal le plus léger et qui offre la charge électrique la plus élevée. C’est donc une solution idéale pour les vingt prochaines années ». Sauf qu’à l’heure actuelle, 95 % de nos besoins en lithium sont importés. Avec Emili, le groupe ambitionne de devenir, d’ici 5 ans, « l’un des plus grands fournisseurs de lithium en Europe », en produisant 34 000 t d’hydroxyde de lithium, qui équiperont 700 000 voitures électrique par an (plus de la moitié de la production française d’aujourd’hui, qui est de 1,3 million), et à terme 2 millions de véhicules. « Avec 1 Mt d’hydroxyde de lithium concentré à 1 %, ce gisement de Beauvoir est unique », se réjouit Alessandro Dazza, à propos du site accueillant ce nouveau projet, à Echassières dans l’Allier. Pour son exploitation, Imerys prévoit de suivre des standards industriels internationaux (IRMA) très exigeants sur les plans environnemental et sociétal. « Nous avons fait ce choix pour avancer dans la plus grande transparence. Une exploitation en souterrain et non à ciel ouvert limitera nos impacts en termes de bruit et de poussières. La flotte minière sera électrique et l’eau utilisée pour la production sera recyclée. Le concentrat sera expédié par train », détaille le dirigeant. Pour l’heure, les études de cadrage sont terminées et Imerys finalise son pilote industriel (l’usine sera mise en service à partir de 2028), avant la tenue d’un débat par la Commission nationale du débat public en 2024, après sa saisine par l’exploitant en juillet dernier. « La transparence est clé. Elle nous donne une grande responsabilité. Tout le monde nous regarde. Nous le faisons pour le succès d’Imerys et de notre industrie en général », conclut Alessandro Dazza.


Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Le Forum Jeunes, dispositif permettant aux scolaires de la ville accueillant le congrès de découvrir les métiers de l’industrie minérale, a accueilli cette année 134 lycéens et leurs accompagnateurs. Ils ont reçu une formation dispensée par les bénévoles de la Sim, complétée par une visite en carrière © Sim/JPMR

Convaincre l’opinion publique

Les territoires, incarnés par leurs élus, restent à convaincre, à l’image du président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, qui souligne que « la société civile, les territoires, sont très vigilants. Il y a un défi scientifique à relever, et la Sim peut aider à concevoir la méthodologie des nouvelles extractions ». L’édile, qui a insisté lors de cette séance inaugurale sur la richesse industrielle de sa région, reconnaît que des efforts sont aussi à fournir du côté des institutions qui n’investissent pas assez dans la recherche selon lui. « Il faut dialoguer avec les élus, c’est ce que nous faisons. On a trouvé un soutien fort des autorités locales, régionales et nationales tout au long de notre projet, témoigne Alessandro Dazza. La mine à zéro impact n’existe pas. L’important c’est de le faire bien, de façon encadrée, et c’est probablement mieux de le faire ici que de fermer les yeux sur des mines lointaines ». Ce que confirme Stéphane Bourg : « Il y a un fantasme sur le monde de la mine. L’extraction minérale existe, et elle n’est pas une nouveauté. On est en train de changer d’époque sur la mine en France. Les réflexes évoluent. Il y a des projets concrets, identifiés dans le temps. Il faut s’attendre à ce que des opposants s’organisent pour fustiger la mine. Il faut mener un travail de communication positive, collectivement, sur la contribution de la mine à une société plus durable, plus souveraine. Il faut inventer ensemble des modalités de coopération qui associent les industriels et leurs fédérations, et des sociétés savantes comme la Sim qui ont des implications territoriales et des liens avec les autorités ».
Enfin, la question de la temporalité, puisque la profession va devoir respecter des délais serrés tout en gardant sa compétitivité. « Nous travaillons concrètement pour réduire les délais des procédures et améliorer le travail conjoint entre administration et industriels, plaide Benjamin Gallezot. Les projets prennent du temps, mais celui d’Emili n’est pas complètement décalé par rapport à nos besoins en lithium. Il y aura des importations nécessaires pour fournir les gigafactories quand elles ouvriront, mais ce projet progresse à un rythme compatible avec les exigences environnementales. Certains projets de loi pour l’extraction, la transformation et le recyclage sont déjà passés dans les deux chambres parlementaires, ils contiennent des dispositions avec des temps d’instruction resserrés. On est conscients de ces enjeux de durée, mais il ne faut pas couper partout dans les virages, au risque de sortir de piste ! ». On l’aura compris, le virage est bel et bien entamé par l’industrie minérale, qui veut poser des bases saines à ce futur résolument industriel. La conclusion sera celle de Jean-Michel Négroni, qui rappelait en ouverture cette référence à une bande dessinée désormais célèbre dans le milieu2 : « Il faut croire et agir pour des choses qui ont des chances de se réaliser, affronter ensemble les problèmes et se mettre d’accord sur les modalités ». Espérons qu’il soit entendu.

Sonia Puiatti



1Observatoire créé pour répondre au besoin des acteurs industriels, avec le soutien des pouvoirs publics, de renforcer leur vision des enjeux autour de ces chaînes de valeur, de les décrypter, de les suivre tout au long de la transformation des matières jusqu’à leur utilisation.
2Extrait de Le monde sans fin, de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici, paru en 2021 chez Dargaud

Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Le Forum de la Sim, au cœur de l’exposition, accueille le Forum Exposants, le Forum Start-up et le Prix Marc Regnier. © Sim/JPMR

L’Etat se mobilise pour l’industrie minérale

Pour répondre à la transition énergétique, le gouvernement a mis en place une stratégie s’appuyant sur 4 piliers, qui ont été présentés lors de la séance inaugurale du congrès par Benjamin Gallezot, délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques :
1) La connaissance des filières, des chaînes d’approvisionnement et des stocks stratégiques qui sont complexes, car chaque minéral a des modalités d’extraction, de transformation et de recyclage qui lui sont propres. La création de l’Ofremi1 est une réponse ;
2) Le soutien aux projets tout au long de la chaîne de valeur, de l’extraction au recyclage :

  • D’abord financier, grâce à une “boîte à outils” composée de l’appel à projets France 2030 (450 M€), d’un crédit d’impôt dans le projet de loi de finance 2023 pour soutenir les chaînes de valeur de la transition énergétique, en particulier les batteries et les énergies renouvelables, d’un fonds d’investissement qui vise 2 Md€ pour des projets d’extraction, de transformation et de recyclage en France ou à l’international, avec 500 M€ apportés par l’Etat (Infravia), et d’une garantie des projets stratégiques, dispositif de garantie d’Etat sur de la dette pour soutenir les projets en France ou à l’international dès lors qu’ils contribuent à la sécurité de l’approvisionnement avec des contrats ;
  • La simplification des processus d’autorisation par une procédure interne à l’administration, pour favoriser la qualité du dialogue avec les porteurs de projets, afin que ces derniers puissent être accélérés ;
  • La recherche de sites industriels, pour l’extraction du lithium (projets dans l’Allier et en Alsace), pour les 4 gigafactories annoncées et pour des projets de recyclage.
3) Un effort sur la R&D et la formation pour améliorer les procédés : mieux structurer l’innovation dans le domaine minier, faire rayonner les écoles françaises et rendre l’ingénierie minière plus attractive ;
4) La coopération internationale, grâce à la législation européenne, incarnée par le Critical Raw Materials Act, qui sera adopté par l’UE d’ici la fin de l’année, ou grâce à des partenariats internationaux diversifiés, concrets, pour la mise en place de projets industriels d’intérêt commun (Canada, Australie).

Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux Eric Cinar (Centre Terre et Pierre) est le lauréat 2023 du Prix Marc Regnier de l’innovation en recyclage et valorisation pour son travail sur le traitement du lacto-gypse et la caractérisation des sulfates de calcium obtenus en fonction des applications envisagées. Félicitations aux deux autres nominés, Claudia Neculau (Remind Wallonia) et Mickaël Dadé (Eramet). © Sim/JPMR

Le congrès de Bordeaux en chiffres

Cette année, à Bordeaux, l’exposition a rassemblé 6 400 participants, dont 3 130 visiteurs pendant 2 jours et demi, soit une progression de 20 % pour les visites par rapport à l’édition précédente. L’exposition montrait :

  • 360 stands, répartis sur 12 000 m2 ;
  • 1 exposition extérieure qui a mobilisé, sur 5 000 m2, 25 entreprises, avec 28 machines (groupes mobiles de concassage et de criblage, chargeuses, foreuses, pelles, tombereau) et 10 petits équipements (pneus, élévateurs, pompes, BRH, godets) ;
  • 10 exposants et 10 start-up sélectionnés pour participer au Forum de la Sim, qui a réuni 200 personnes sur 2 jours ;
  • 67 offres d’emplois et de stages (et une offre de thèse), déposées par 35 entreprises.

Le congrès a proposé :

  • 6 visites techniques, 1 séance inaugurale et 7 ateliers techniques qui ont attiré 550 personnes sur 3 jours et demi, grâce à la mobilisation de 60 conférenciers et 14 animateurs ;
  • 1 Forum jeunes ayant réuni 4 classes et 134 lycéens et leurs accompagnants venus découvrir les métiers de l’industrie minérale ;
  • 4 remises de prix et de médailles, et, nouveauté 2023, la première édition du Prix start-up de la Sim, décerné cette année à GeoLinks ;

Congrès Exposition Sim 2023 Bordeaux La place de la Bourse, à Bordeaux. © Sim/PG

Les bénévoles de la Sim de l’année 2023 !

Pour remercier ses plus actifs bénévoles, la Société de l’industrie minérale décerne une médaille d’honneur aux membres ayant apporté une contribution exceptionnelle à ses activités. Cette année, à Bordeaux, elle a été remise à Jean-Pierre Rolley.



Jean-Pierre Rolley

A Bordeaux, Jean-Pierre Rolley a reçu la médaille d’honneur de la Sim. ©Sim/PG

Né à Nice en 1944, il a suivi ses études à Grenoble dans le domaine des sciences de la Terre, en géologie appliquée, avant de débuter sa carrière au Maroc, à Rabat, au ministère de l’Industrie et des Mines, au service de la carte géologique. En 1974, il a intégré l’OCP, Office chérifien des phosphates, comme ingénieur à la formation puis à la planification du développement. Jean-Pierre Rolley est rentré en France en juin 1977 pour devenir enseignant-chercheur à l’Ecole des mines d’Alès, région qu’il ne quittera plus. Durant 30 ans, il a participé à la communication et au développement international de l’école. Il compte désormais 26 publications à son actif, couvrant tous les segments de l’exploitation. En 1988, il a fait une incursion à l’Ecole des mines de Paris en tant que directeur de la recherche extérieure.

Jean-Pierre Rolley a pris sa retraite en 2017 tout en restant très actif dans plusieurs associations. A la Sim, il a participé aux travaux de la section exploitation, de la part de laquelle il a reçu une médaille en 2013. Il a été président du district Méditerranée de 2012 à 2014. Sa célèbre formule « Nous ne savons rien produire qui ne sorte de la Terre » a été reprise dans la toute nouvelle muséographie de la Sim.
Chaque année, les sections Valorisation et Exploitation distinguent également, via leur président, l’un de leur membre actif pour ses actions remarquables au sein de l’association.


Stéphane Brochot

Stéphane Brochot (Caspeo) a été distingué par la section Valorisation de la Sim. ©Sim/PG

Titulaire d’un doctorat en physique à l’université d’Orléans-Tours, il a complété son cursus par un master en ingénierie mathématique et outil informatique. Il a rejoint le BRGM en 1991 comme chercheur et responsable de développement des logiciels. En 1999, il est devenu responsable produits de la gamme des logiciels d’analyse des procédés pour la conception et l’automatisation des usines de transformation des solides (minerais, sols pollués, déchets).
En 2004, Stéphane Brochot a créé avec Marie-Véronique Durance la société Caspeo dont il est le responsable scientifique et technique. Il poursuit ses recherches en modélisation et simulation des procédés de traitement des minerais en échantillonnage, en réconciliation de données et en bilan métallurgique pour lesquels il est l’un des inventeurs de la solution Inventeo.

Il est enseignant en master à l’ENSG, à UniLaSalle et à l’université d’Orléans. Il est un fidèle de la Sim depuis 2003. Il a eu l’occasion de participer à plusieurs congrès comme conférencier et à la mise en œuvre de différentes journées techniques. Depuis janvier 2022, il préside le groupe de réflexion MiME (minéralurgie et métallurgie extractive).


Milko Haddad

Milko Haddad a été récompensé par la section Exploitation de la Sim. ©Sim/PG

Issu d’une formation supérieure en génie civil, Milko Haddad est passé par le groupe Bouygues et aujourd’hui retraité du groupe Solvay, en tant que directeur de la carrière de Saint-Germain dans la Meuse.
Membre actif de la section Exploitation et du district Grand Est depuis 2010, secrétaire et délégué régional dès 2011, il a rédigé plus de 110 articles pour la revue mines&carrières, sur des thématiques variées comme les journées techniques du district, des carrières et sites industriels de niveau national, et diverses manifestations. Il est également investi dans le groupe de travail sur les musées et participe au jury du Prix jeunes.




Mardi : visites techniques et derniers préparatifs

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© Sim

Mercredi : Inauguration du congrès et de l'exposition, soirée de l'industrie minérale

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Jeudi : Forum Jeunes, prix Jeunes, forum Exposants, prix Marc Regnier

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Vendredi : Les étudiants, premier prix Start-up

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