19/09/2016
À la suite du démarrage de l’extraction des sables calcaires coquilliers au large de la baie de Lannion (Côtes d’Armor), la ministre de l’Environnement Ségolène Royal, opposée à cette opération, a décidé de lancer une inspection sur les conditions de réalisation du dragage, qui pourrait décider de l’avenir du site.
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La ministre a reçu les élus de la baie et le président de l’association du Peuple des Dunes, hostiles au projet d’extraction, défendu depuis 2010 par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN). Entre 3 800 et 5 000 personnes s’étaient rassemblées le 11 septembre à Lannion pour protester contre l’extraction de ces sables coquilliers. Celle-ci avait commencé dans la nuit de mardi 6 à mercredi 7, au lendemain du rejet par le tribunal administratif de Rennes du recours engagé par des opposants au projet. Ceux-ci ont décidé de faire appel de la décision devant le Conseil d’État.
Une inspection du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) doit examiner dans les prochains jours les conditions de réalisation de la campagne d’extraction réalisée par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN), explique-t-on au ministère de l’Environnement. « S’il s’avère que les conditions qui constituaient soit un préalable, soit une condition de l’extraction, n’ont pas été remplies, l’arrêté autorisant l’extraction sera suspendu », affirme le ministère.
Le CGEDD devra notamment vérifier que les prescriptions de méthode définies en 2015 pour l’extraction ont été respectées, explique-t-on. L’Ifremer apportera un appui technique aux inspecteurs. L’inspection devrait prendre une à deux semaines. L’Ifremer sera en outre chargé d’examiner « l’état de référence des milieux » naturels fourni par l’exploitant avant le début des travaux. Enfin, les raisons pour lesquelles l’extraction a eu lieu la nuit « devront être éclaircies ».
De son côté, la CAN indique qu’elle venait de prendre la décision a « de suspendre ses prélèvements jusqu’au prochain comité de suivi, de manière à apaiser les tensions et à préserver la sécurité de ses sites et de leur environnement. » Le comité de suivi se tiendra début novembre.
L’entreprise reconnaît que « l’opposition au projet, malgré les moments de concertation et d’échanges instaurés dans ce dossier, s’est manifestée le dimanche 11 septembre à Lannion ». Elle « condamne fermement les agissements d’opposants qui se sont introduits dans les locaux de l’usine de Pontrieux, le 8 septembre, et dans les bacs de décantation situés sur port de Tréguier, le 12 septembre ».
La CAN rappelle que « l’exploitation de la zone de la concession de Pointe d’Armor a été autorisée par une décision du tribunal administratif de Rennes consolidant les autorisations délivrées le 1er décembre 2015. Lors de la signature du décret délivrant le titre minier, puis des arrêtés préfectoraux autorisant l’exploitation, des recours ont été déposés devant le Conseil d’État et au tribunal administratif de Rennes. Avant le début de l’exploitation, autorisée à compter du 1er septembre 2016, la CAN s’est engagée, devant le juge des référés, à attendre le délibéré suite au dépôt d’un recours en référé par les Communes concernées le 1er aout 2016. Le 5 septembre 2016 le juge des référés a rejeté ce référé-suspension, venant confirmer les autorisations délivrées à la CAN. »
Les 7 et le 8 septembre, « le navire Côtes de Bretagne est intervenu sur le site conformément aux autorisations qui lui ont été délivrées en 2015. L’extraction s’est faite au petit matin pour des raisons industrielles, sécuritaires et opérationnelles. Ces deux opérations ont été menées dans le strict respect de la réglementation et dans le plein exercice du bon droit », a expliqué la CAN.
La zone concernée, une dune sous-marine, représente une superficie de 1,5 km² environ, au large des côtes des départements du Finistère et des Côtes d’Armor. La concession est accordée pour une durée de 15 ans, le volume d’extraction est limité à 50 000 m3 la première année, 100 000m3 la deuxième année et 150 000m3 les trois suivantes. Ce sable calcaire est destiné à amender les terres agricoles afin de diminuer leur acidité.