30/05/2016
Des experts internationaux ont rendez-vous pour la première fois le 3 juin au Luxembourg autour de l’ambitieux projet spatial du Grand-Duché, bien décidé à devenir un pionnier de l’exploitation des ressources minières des astéroïdes en fédérant des grandes puissances économiques.
Pour réussir son pari fou d’exploiter les richesses naturelles présentes sur ces blocs de roche, de métaux et de glace, le ministre de l’Économie du Luxembourg, Étienne Schneider, effectue un véritable tour du monde.
Son but : associer d’anciennes gloires de la conquête spatiale à son projet et rallier du même coup à sa cause les gouvernements des États dont ils sont originaires.
Pour s’assurer de la possibilité d’exploiter les ressources de l’espace, il faudra, selon toute vraisemblance, adapter le Traité de l’espace de 1967, qui consacre le principe de “non-appropriation de l’espace et des corps célestes”.
Deux hommes ont rejoint le comité consultatif visant à créer un cadre propice et faire de ce petit pays la base européenne de l’exploitation minière des astéroïdes : Jean-Jacques Dordain, ancien directeur de l’ESA (Agence spatiale européenne) et Simon Pete Worden, ex-directeur du centre de recherche Ames de la Nasa.
Le gouvernement luxembourgeois recherche désormais un asiatique pour rejoindre l’alliance. Du 16 au 18 juin, M. Schneider prospectera au Forum économique de Saint-Pétersbourg, pour associer la Russie à l’initiative.
Les États-Unis ne devraient eux pas se faire prier pour rejoindre le camp des réformateurs du droit international de l’espace, le Congrès américain ayant déjà pris les choses en main en votant en 2015 son Space Act, qui autorise tout ressortissant américain à prendre possession d’une ressource extraite d’un astéroïde.
Le Luxembourg veut devenir le premier pays en européen à développer un cadre légal et des infrastructures pour faire commerce de ressources considérées jusque présent comme appartenant au domaine public. Le gouvernement luxembourgeois envisage aussi des partenariats publics-privés. Il participe, via sa banque publique SNCI (Société nationale de crédit et d’investissement) au développement d’un vaisseau prototype pour l’exploration future d’astéroïdes, conçu par un des précurseurs du marché, Deep Space Industries.
Basée dans la Silicon Valley, cette entreprise américaine a installé son siège européen au Luxembourg, en 2015, où des activités de recherche et des capacités technologiques seront développées dans le cadre de ce projet.
La société américaine Planetary Resources, financée par le cofondateur de Google, Larry Page, a enregistré une société au Grand-Duché et souhaite participer au projet en envoyant des engins dans l’espace pour extraire de la matière sur les astéroïdes, en commençant par ceux qui gravitent en orbite autour de la Terre. Quelque 11 000 astéroïdes représentant un intérêt commercial ont été recensés.
Parmi les matières à récupérer, les Luxembourgeois visent les métaux, les hydrocarbures et même l’eau. Ces minéraux seraient exploités sur place et serviraient à construire des bases desquelles partirait une exploration spatiale plus lointaine. D’autres, comme le platine, pourraient en être extraits puis ramenées sur Terre.
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