17/02/2016
Plusieurs milliers de salariés et patrons de la sidérurgie européenne ont défilé le 15 février à Bruxelles contre la concurrence chinoise qui déverse sur le marché des produits à prix cassés.
Au Parlement européen où il participait à une réunion sur le sujet en fin de journée, le ministre français de l’Économie Emmanuel Macron a été interpellé par des salariés d’ArcelorMittal venus de Florange (Moselle). « À partir du moment où nos patrons descendent dans la rue, c’est qu’on est au bord du gouffre (...) il faut aller très, très vite », lui a lancé l’un d’eux.
Le ministre a regretté la lenteur de l’Union européenne à agir, citant l’exemple des « neuf mois » nécessaires pour décider de mesures anti-dumping provisoires sur certains aciers laminés à froid, annoncées le 12 février, visant des importations chinoises et russes. M. Macron a ajouté : « Nous devons être au moins aussi protecteurs de notre industrie sidérurgique que le sont les États-Unis, sinon nous sommes dans un monde qui ne tourne plus rond ».
Dans la ligne de mire des manifestants, outre le dumping pratiqué par les sidérurgistes chinois, en surcapacités, les difficiles discussions sur l’octroi à la Chine du statut d’économie de marché.
Une délégation a été reçue par le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker. « Il a écouté leurs craintes et ils lui ont fait parvenir une copie de leur manifeste », selon Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne. Le texte remis par la délégation, qui représente l’acier, mais aussi toutes les autres industries attaquées par la concurrence chinoise, des plastiques aux panneaux solaires en passant par la fabrication de vélos, rejette l’éventuel octroi du statut d’économie de marché pour la Chine.
La Commission européenne, qui négocie pour les 28 Etats membres, a en effet ouvert le débat à la mi-janvier et doit prendre une décision à la fin de l’année. Si la Chine obtient ce statut, cela pourrait déboucher sur une forte baisse de ses droits de douane, lourde de conséquences pour tous les concurrents européens.
À son entrée dans l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en 2001, la Chine avait été enregistrée comme une économie non marchande, la question de son statut devant être réexaminée quinze ans plus tard, en 2016.