29/03/2021
Les professionnels du bâtiment ont mis en garde contre une pénurie de matériaux de construction accompagnée d’une flambée de leurs prix, dans un contexte général de fort ralentissement de l’activité du secteur.
« Le choc de la pandémie se manifeste clairement dans les coûts depuis la fin 2020. Une fois les stocks épuisés, la désorganisation des filières productives et des transports internationaux conduisent à de fortes hausses des prix des matériaux », a expliqué Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) lors d’une conférence de presse.
La pénurie a d’abord été observée sur l’acier et le cuivre, puis sur le bois de construction et les autres métaux non ferreux, selon la FFB.
Le mouvement a gagné plus récemment les plastiques, le polyuréthane et le polystyrène et « les matériaux plus techniques avec les composants informatiques, les puces, et tout ce qui est composants en silicium arrive quasiment en rupture », selon M. Salleron.
Les professionnels du secteur constatent des prix à la hausse de 30 %, voire plus encore sur les produits du bâtiment.
La FFB a cité un exemple récent où des fournisseurs américains ont proposé d’acheter, en région Pays de Loire, du bois de structure à 700 €/m3 à la sortie de l’usine contre un prix habituel de 200 €/m3 livré sur chantier.
Face à cette flambée des prix des matériaux, « force est de constater que la plupart des marchés restent signés à prix ferme, non actualisables ni révisables, et prévoient des pénalités de retard », regrette la FFB qui craint de voir des chantiers se révéler « systématiquement en perte ».
De son côté, les adhérents du Syndicat national des adjuvants pour bétons et mortiers (Synad*) disent faire « face à de très fortes tensions sur leurs approvisionnements en matières premières voire à des ruptures », indique un communiqué. « Ces tensions importantes sur un périmètre mondial ont commencé au quatrième trimestre 2020, se sont accentuées depuis le début 2021. Elles sont décorrélées des indicateurs habituels ».
Plusieurs facteurs ont eu pour conséquence de freiner la capacité de production des fournisseurs, précise le document : un accident dans une usine entraînant un cas de force majeure ; des tensions dans la chaîne d’approvisionnement et des arrêts programmés de maintenance d’unités de production ; la forte reprise de certaines industries et la forte demande de certains pays accentuant ces tensions sur les matières premières ; les conséquences de la Covid-19 sur la déstructuration des marchés ; des conditions météorologiques difficiles (vagues de froid) engendrant des difficultés de production pour de nombreux industriels de la pétrochimie.
Les adhérents du Synad estiment être confrontés à des difficultés d’approvisionnement et des hausses très importantes des matières premières, « de 20 % à plus de 50 % ». « La situation est complexe et mondiale, ce qui rend difficile de savoir jusqu’où iront les pénuries de matières premières et leurs conséquences », analyse le syndicat qui ne dispose pas de visibilité à court terme.
*Dans la filière béton, le Synad représente les fabricants d’adjuvants pour bétons et mortiers (soit plus de 95 % des adjuvants distribués en France), d’agents de démoulage et de produits de cure.