La crise que nous vivons met en exergue nombre de difficultés que nos stratégies politiques ont provoquées. Parmi elles, l’approvisionnement en matériaux et en produits manufacturés a été sans doute la plus prégnante. Nos concitoyens en ont pris la mesure et nos élus nous ont promis un « monde d’après ». Notre Congrès, par son thème, veut éclairer nos filières sur les mesures et les orientations stratégiques que l’Europe et ses États membres prennent pour redonner sens, bon sens, à cette trilogie besoin / approvisionnement / origine.

Peter Handley, de la Commission européenne, apportera la vision européenne et la stratégie déployée pour une cohérence globale. À l’échelle de la France, nombre d’orientations apparaissent tant sur l’aspect territoire que sur l’économie de la ressource primaire.

Laurent Tapadinhas, pour la Dreal Hauts-de-France, et Albert Zamuner, président de l’Unev, évoqueront les politiques et les filières développées sur un fond qui ne saurait omettre l’environnement. Le président de la division Cement & Minerals de Fives et de Fives FCB, Alain Cordonnier, partagera la vision d’une industrie séculaire internationale.

Ces préoccupations doivent être intégrées à une réflexion plus globale sur notre planète, sur notre Humanité et son avenir dans un monde fini et un contexte climatique préoccupant. Emmanuel Hache, économiste en ressources à l’IFPEN, grand témoin de cette séance, conclura cette riche matinée avant l’inauguration officielle de l’exposition.

La région Hauts-de-France occupe la partie septentrionale du bassin de Paris et se prolonge vers le nord en direction du bassin de Bruxelles, au-delà de l’anticlinal de l’Artois. Le substratum de ces bassins a été structuré à partir du Dévonien par l’orogénèse varisque. Au cours du Carbonifère, d’épaisses couches de charbon se sont formées dans le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais, l’un des moteurs de la révolution industrielle de la France. Exploité jusqu’en 1990, celui-ci poursuit sa contribution énergétique via le gaz de mine.

L’enregistrement sédimentaire du bassin de Paris est à l’origine d’une grande variété de matériaux minéraux qui font l’objet d’une exploitation de surface. La région Hauts-de-France montre des affleurements d’âges crétacé et tertiaire sur l’essentiel de son territoire. Les roches dures susceptibles de fournir des granulats se situent dans le Paléozoïque : calcaires du Viséen et du Givétien, d’intérêt national et dont les affleurements sont localisés au cœur de la boutonnière du Boulonnais et dans l’Avesnois. D’autres sources de granulats sont les alluvions des cours d’eau de Picardie et les cordons littoraux à base de galets de silex dans la Somme.

Les roches industrielles comprennent les dolomies et calcaires très purs du Boulonnais et de l’Avesnois, ainsi que la craie crétacée, utilisés en particulier par la chimie. Il existe une longue tradition d’extraction de pierres de construction qui contribuent à la richesse architecturale des bâtiments de la région. Le calcaire lutétien de Saint-Maximin (Oise) est une roche ornementale utilisée en rénovation du patrimoine.

De larges zones de la région possèdent un potentiel pour la géothermie basse et très basse énergie, à partir des aquifères de la craie, du Lusitanien et du Dogger. La centrale nucléaire de Gravelines, la plus importante de France, complète ce panorama des ressources des Hauts-de-France.

L’année 2020 aura été inédite en bien des points. Outre la pandémie mondiale de Covid-19, elle aura aussi vu les trois majors français du BTP énoncer chacun leurs objectifs de diminution de leur impact carbone pour 2030 (Bouygues, Eiffage et Vinci). C’est aussi l’année de la présentation d’une nouvelle réglementation environnementale, RE2020. Elle introduit la prise en compte des impacts carbone via une ACV dynamique simplifiée (Analyse du cycle de vie). La France prenant sur ce point, au grand dam de la majorité des industriels, une option très différente du reste de l’Europe, voire du monde avec une ACV dite statique.

Le domaine des liants hydrauliques et de la chaux, qui représente environ 6 % des émissions de CO₂ dans le monde, est dans l’obligation impérieuse de se réinventer pour réduire ses émissions et évoluer ainsi avec agilité et détermination vers ce nouveau paradigme. Ainsi, la profession cimentière vise un ambitieux abaissement de 80 % de son impact carbone en 2050 grâce à des innovations incrémentales et d’autres, très audacieuses, en rupture.

Ciments verts et bétons bas carbone fleurissent et sont dorénavant sur toutes les lèvres. Que trouve-t-on derrière les allégations ? Comment s’organise la filière ? Quels exemples d’actions concrètes ?

Cet atelier technique, élaboré par le groupe de travail Liants hydrauliques et chaux de la Sim, propose une synthèse des projets en cours et constitue l’image de la feuille de route pour la décennie à venir.