Congrès de la Sim à Clermont-Ferrand : le Congrès exposition met la gomme

Le logo de la Sim illumine Vulcania.© Sim.


Dans la capitale de l’Auvergne et de Michelin, le Congrès exposition de la Sim a remporté un excellent succès. Si tous les chiffres ont été dépassés par rapport aux éditions précédentes, c’est qu’un plus grand nombre de personnes ont échangé à propos de l’industrie minérale, qu’il s’agisse des matières neuves ou à recycler.

Le congrès exposition de la Sim, Société de l’industrie minérale, a battu ses records lors de son édition 2018, du 16 au 19 octobre. Ceci est vrai pour les chiffres, ceci est aussi vrai pour la qualité des échanges lors des six événements du congrès et dans les deux expositions. L’événement principal et annuel de l’industrie minérale, pour les matériaux neufs ou recyclés, suit un canevas rodé du mardi au vendredi midi.


Six circuits de visites de sites

Le mardi est dédié à six circuits de visites de douze sites divers. Le district organisateur regroupe, par circuit, deux sites en fonction de critères thématiques et géographiques.
Le premier circuit a concerné les diatomées exploitées dans le Cantal, avec la carrière de Chemviron à Virargues le matin et, l’après-midi, l’unité de traitement d’Imerys de Murat.
Pour ce qui concerne le recyclage, le deuxième circuit emmenait le matin les participants à l’usine de recyclage de titane aéronautique EcoTitanium, situé à Saint-Georges-de-Mons. Il s’agit de recycler les chutes de production et non post consommation sur des avions retirés du service. Sur le même circuit, l’après-midi conduisit au site Échalier / Paprec de Saint-Ours-les-Roches.
Le troisième circuit de visite s’est concentré sur les granulats de roches massives, avec la carrière CMCA de Vensat qui a bénéficié d’un changement complet des installations secondaire et tertiaire, puis la carrière GBA – LafargeHolcim des Malavaux, à Cusset qui produit notamment des granulats pour les ballasts ferroviaires.
Le quatrième circuit a associé deux industriels du caoutchouc auvergnats : le centre de recherches Michelin à Ladoux, qui est un des rares dans le genre au monde, et l’usine de Trelleborg, spécialisée dans la fabrication de tuyaux basse et moyenne pressions à base d’élastomères, caoutchouc naturel et caoutchoucs synthétiques.
Le cinquième circuit de visite s’est intéressé à l’extraction de minéraux et à leur transformation en produits industriels, avec d’abord l’usine de production de laine de roche du leader mondial Rockwool, implantée à Saint-Eloy-les-Mines, et ensuite, le kaolin de Beauvoir et ses minerais connexes (étain, tantale et niobium) chez Imerys Ceramics France.
Le sixième circuit a détaillé les ressources minérales issues du volcanisme. Il s’agit de l’extraction de Pouzzolanes des Dômes et de la taille de la lave de Chambois

La carrière de la lave de Chambois produit la pierre de Volvic.© PG / R&V. La carrière de la lave de Chambois produit la pierre de Volvic.


Michelin, quelle Aventure !

Le mardi soir, les congressistes sont généralement reçu à l’hôtel de ville ou à la préfecture. L’importance historique de la manufacture Michelin suggérait de participer à l’étonnante aventure technologique et industrielle de la société clermontoise. En 1832, une première manufacture Barbier-Daubrée est spécialisée dans les tuyaux et courroies de frein pour charrettes. Éloignée de la mer et plus encore des tropiques, elle importe de l’hévéa afin de produire des objets en caoutchouc. Reprise en 1886 par les frères André et Édouard Michelin, elle devient Michelin et Cie en 1889. Premiers produits, des patins de frein en toile et caoutchouc pour voitures à cheval et vélocipèdes. En 1991, Édouard met au point le pneu démontable pour bicyclette.
En 1895, les frères Michelin pilotent la première voiture équipée de pneus, l’Éclair, sur la course Paris-Bordeaux-Paris. En 1898, apparaît le premier Bibendum. En 1900, est publié le premier Guide Michelin, qui indique les hôtels, restaurants et garages pour les voyageurs en automobile.
En 1910, la compagnie initie la signalisation routière. Des plaques en pierre de lave (un produit local) émaillée sont intégrées à des poteaux ou à des murs en béton armé. Elles indiquent les noms des localités, la désignation et le numéro des routes, ainsi que les inscriptions de sécurité. La fabrication est arrêtée en 1971.
Durant la première guerre mondiale, Breguet-Michelin a produit plus de 3 000 avions pour l’armée française entre 1915 et 1918. En 1916, la première piste bétonnée fut construite à Aulnat / Clermont-Ferrand afin de faciliter le décollage et l’atterrissage des avions par tout temps. Un fabricant de pneus était sensible au comportement des roues dans ces deux moments clés.
En 1929, l’industriel met au point la Micheline, autorail léger dont les roues sont équipées de pneus profilés adaptés aux rails et aux aiguillages (photo 4). En 1935, Michelin rachète Citroën afin d’éviter la faillite du constructeur original. En 1944, un accord secret entre la direction de Michelin à Paris et l'état-major allié conduit à faire imprimer aux États-Unis et à distribuer à tous les officiers du D-day et du débarquement une reproduction de la dernière édition du Guide, celle de 1939. Elle comporte des centaines de plans de villes, détaillés et actualisés.
En 1946, Michelin dépose le brevet du pneu radial, commercialisé en 1949 sous l'appellation Michelin X, et qui révolutionne le produit. Michelin rachète Kléber en 1981 et Uniroyal-Goodrich en 1989. En 1996, Michelin invente le pneu indéjantable qui permet de rouler, même en cas de crevaison : le PAX system.

L’Aventure Michelin, installée dans une partie d’une ancienne usine, détaille les évolutions technologiques de l’industriel clermontois : les pneus, les avions et des trains, les fameuses Michelines, des autobus sur rail. Au premier plan, un pneu de dumper minier : diamètre de 4,03 m et poids de 5,3 t.© PG / R&V. L’Aventure Michelin, installée dans une partie d’une ancienne usine, détaille les évolutions technologiques de l’industriel clermontois : les pneus, les avions et des trains, les fameuses Michelines, des autobus sur rail. Au premier plan, un pneu de dumper minier : diamètre de 4,03 m et poids de 5,3 t.


Une séance inaugurale poids lourds

La séance inaugurale multiplie les intervenants d’importance. Jean-Michel Négroni, président du district Auvergne-Limousin de la Sim, ouvre le congrès pour céder la place au maire adjoint Françoise Nouhen.
Serge Lafon, directeur de la ligne Poids lourds et membre du comité exécutif de Michelin, développe les relations entre le manufacturier et les activités des mines et des carrières. Il rappelle que le rechapage des pneus poids lourds est réalisable deux fois, ce qui économise 30 % de matière. Il n’oublie pas d’insister sur la durée de vie améliorée d’au moins 10 % de la gamme XDR3 par rapport à la gamme précédente. Serge Lafon affirme solennellement « la volonté [de Michelin] pour participer à la mobilité durable de demain afin de trouver des solutions ».
Yannick Mathieu intervient pour la partie auvergnate de la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes, qui réunit 250 personnes. Pour le recyclage, note-t-il, « l’État doit montrer l’exemple ».
La nouvelle présidente du BRGM, Michèle Rousseau, présente un tableau chiffré en millions d’euros des activités de l’établissement, rappelant notamment les activités de recherche et de gestion de l’après-mine.
Le président de l’Unicem, Nicolas Vuillier pour l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction, synthétise les évolutions de ces métiers. Il s’interroge à propos du « renouvellement de la cité sur elle-même » et mentionne « pour le béton, la recherche d’une durée de vie de 200 ans ».
Guy Sidos, p-dg du groupe Vicat, présente le cimentier indépendant français. Vicat est présent dans onze pays étrangers : Alabama et Californie pour les États-Unis, Turquie, Sénégal, Suisse, Égypte, Italie, Mali, Kazakstan, Inde, Mauritanie et Brésil. Le groupe réalise un CA de 2,6 Md€ dont 65 % hors de France et 34 % dans des pays émergents. 8 500 personnes travaillent dans 16 cimenteries et 5 centres de broyage, 257 centrales à béton et 75 carrières de granulats. Vicat est engagé dans la substitution des matières premières et des énergies dans les cimenteries de Montalieu (Isère) et de Créchy (Allier). Mentionnons le camion toupie de béton hybride Oxygène, développé avec Iveco : à l’arrêt, il fonctionne à l’électricité et en roulant, au GNV, gaz naturel pour véhicules.
Le e-dumper Lynx est le plus gros camion au monde fonctionnant à l’électricité. Il intervient dans la carrière de la cimenterie Vigier à Péry, en Suisse, dans le canton de Berne. Suite à une idée émise par un ingénieur de Vigier, l’astuce consiste à charger les batteries en descendant en charge de la carrière. La remontée à vide vers la carrière consomme moins d’électricité. Mais la pratique ne suit pas la théorie, à 5 % près. L’adhérence des pneus, notamment dans la boue, et les aléas du parcours avec les autres engins ne permet pas encore de dégager un bilan électrique positif. Néanmoins, outre une économie de 50 m3 de gazole par an, le bilan financier sur dix ans devrait être positif, notamment grâce à une maintenance allégée. Lors de l’atelier 5, Olivier Barbery donna tous les détails sur ce e-dumper. Kuhn, le distributeur helvète de Komatsu, et Lithium Storage ont fondé la société eMining afin de fabriquer et de développer ce tombereau 100 % électrique.
Et pour conclure la matinée, Cécile Olive-Garcia, du conseil départemental du Puy-de-Dôme, rappelle les efforts faits et récompensés afin que l’ensemble chaîne des Puys − faille de Limagne soit classé au Patrimoine mondial Unesco, cette année après la troisième présentation du dossier.


Les cinq ateliers techniques

L’atelier 1 s’est intéressé aux ressources régionales extraites du Massif central, dont l’histoire géologique est très vaste. Les thèmes en ont été les suivants : la géologie du Massif central et ses particularités locales, par Julien Bernard, BRGM ; les ressources minérales de l’Auvergne, par Éric Carenco, Unicem Auvergne-Rhône-Alpes ; les géothermies en Auvergne (contextes, réalisations et perspectives) par Philippe Rocher, BRGM ; le thermalisme en Auvergne (axe majeur du développement industriel et touristique) par Frédéric Bonnichon, conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes ; le schéma régional des carrières, par Yannick Mathieu, Dreal Auvergne-Rhône-Alpes.
L’atelier 2 a présenté le béton au service de la croissance verte, avec les dernières innovations dans le respect de la croissance et de l’environnement. Les thèmes se sont concentrés sur la croissance verte (des opportunités de développement pour les infrastructures et la construction) par Patrick Guiraud, CIMbéton ; la filière béton : un modèle d’économie circulaire et d’écologie industrielle, par Xavier Guillot, LafargeHolcim ; la gestion des eaux pluviales et la lutte contre les inondations : une pluie de solutions, par Pierre-Antoine d’Argento, SNBPE ; le recyclage des bétons de démolition : présentation du projet national de recherches Recybéton, par Philippe Vachot, LafargeHolcim ; la ville sans dessus-dessous : l’espace souterrain, une ressource au service de la ville durable, par Jérémie Catalot, Vicat ; béton et biodiversité : une complicité à découvrir, par Patrick Guiraud, CIMbéton.
L’atelier 3 portait sur les Ressources rares ou critiques : procédés de recyclage innovants. Aurélie Lécureuil, spécialiste des ressources minérales au sein de la DGALN, Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature, au sein du MTES, ministère de la Transition écologique et solidaire, a coordonné les cinq exposés : la criticité des métaux par Gaétan Lefebvre, BRGM ; EcoTitanium, élaboration de titane de qualité aéronautique par recyclage par Raymond Allier, EcoTitanium ; le projet CEReS : drainage minier acide et DEEE, par Chris Bryan, BRGM ; le Projet Silexe, récupération des métaux valorisables des cartes électroniques, par Sophie Legeai, Institut Jean Lamour ; Efficacité matière pour la transition énergétique, le recyclage des batteries, par Frédéric Salin, Snam et Étienne Bouyer, CEA/DRT, Grenoble.
L’atelier 4 était dédié aux équipements de carrière, en innovation constante, avec les pelles hybrides : l’éco-contribution performante de l’exploitation, par Xavier Vidal, Komatsu France ; un nouveau concept de camion diesel-électrique pour les carrières, par Olivier Laurent, Liebherr ; les petites engins de carrière passant à l’électrique, par Cyrille Freisse et Ahcène Nedjimi, Volvo CE France ; le monitoring de production en carrière, par Kevin Franquin, Arkance ; Turnkey, une gamme innovante de dents de godets, par Olivier Falcoz et Fabrice Marchand, Feurst.
Enfin, l’atelier 5 a présenté un thème sur l’énergie et les multiples solutions du futur. Il a détaillé le camion-toupie Oxygène de Vicat, à double motorisation gaz et électrique, par Jean-Baptiste Pastor, Vicat ; l’efficacité énergétique des installations de traitement en carrière, par Anthony Perrier, Kayousoft ; les moteurs étape V de Caterpillar, par Lionel Jeanjean, Eneria Cat ; un gazéifieur à la cimenterie Vicat de Créchy, par Hervé Lapillonne, Vicat ; le tombereau Lynx, le plus gros véhicule électrique autonome de la planète, par Olivier Barbery, Ciments Vigier.


Les générations nouvelles

Mentionnons aussi le Forum jeunes. Destiné aux lycéens, il vise à leur faire découvrir les industries des carrières. Cette année, plus de 80 lycéens et six professeurs ont découvert les carrières de Châteaugay et des Martres d’Artières. Enfin, nous serons complets avec les Prix jeunes. Ils distinguent des étudiants ou des chercheurs âgés de moins de 35 ans, pour la qualité et la pertinence de leurs travaux en relation avec les industries minérales. Thomas Poitrenaud travaille sur le projet de mine de tungstène proche de Salau, Ariège. Anna Vanderbruggen a travaillé sur le recyclage des batteries au lithium. Voyez l’encadré. Quelques congressistes avaient encore assez d’appétit de connaissances pour se rendre sur le plateau de Gergovie, le vendredi après-midi. Rappelons que le plateau supportait la forteresse des Arvernes et que Caius Julius, futur Caesar, y connut une de ses rares défaites en Gaule, en 52 avant J-C.


PG / R&V

Équipement le plus impressionnant de l’exposition extérieure, ce concasseur-crible mobile Sandvik QI441.© PG / R&V. Équipement le plus impressionnant de l’exposition extérieure, ce concasseur-crible mobile Sandvik QI441.


Le congrès exposition en chiffres

  • 1 séance inaugurale et 5 ateliers techniques.
  • 309 congressistes.
  • 343 exposants dans l’exposition intérieure, soit plus de 2 000 personnes.
  • 47 machines dans l’exposition extérieure, soit 27 équipements lourds et 20 équipements plus légers, apportés par 17 exposants présents dans l’exposition intérieure.
  • 2 900 visiteurs des deux expositions.
  • 160 offres d’emploi à la bourse à l’emploi.
En 2018, le congrès exposition de la Sim, Société de l’industrie minérale, a rassemblé 5 300 personnes provenant de 22 pays.

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