La Sim au pays des géantes

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mines & carrières 201 - mars 2013

 

La synergie fonctionne depuis plus de cinquante ans entre Liebherr et Colmar. Le Groupe y construit ses pelles sur chenilles et ses pelles minières dont les poids en ordre de marche peuvent atteindre jusqu’à 800 tonnes. Il était donc normal que les membres de la Sim, invités par le constructeur et le district Est, visitent ce haut lieu de l’industrie.

Le 5 mars dernier, le district Est de la Société de l’industrie minérale organisait une journée technique consacrée à la visite des installations de Liebherr-France SAS et de Liebherr-Mining Equipment Colmar SAS à Colmar (68).

Une quarantaine de participants ont pu découvrir l’origine des pelles sur chenilles de l’un des derniers grands groupes familiaux d’engins de construction. Une occasion également de découvrir, sous la conduite de Michel Robischung et de Philippe Hoerner, le hall d’assemblage des pelles minières avec la toute dernière R 9800 de 800 tonnes.

Saga d’après-guerre

Mais d’abord un peu d’histoire. L’entreprise Liebherr a été créée en 1949 à Kirchdorf an der Iller, dans le Bade-Wurtemberg (au sud de l’Allemagne), par Hans Liebherr. Né en 1915 à Kaufbeuren (Allemagne), Hans Liebherr achève à l’âge de 23 ans un apprentissage dans l’entreprise de construction de ses parents, dont il reprend la direction en 1938. Après la guerre, il retourne dans son village d’origine. À l’époque, les grues de construction sont rares et celles qui existent nécessitent plusieurs jours de montage et de démontage. Et, de plus, elles sont très difficiles à utiliser. En 1949, avec l’aide d’un ingénieur et de quelques collaborateurs, Hans Liebherr comble cette lacune et enregistre la grue à tour mobile TK10 auprès de l’office des brevets allemand.

Les années suivantes, la gamme de matériels de l’entreprise s’agrandit avec la production de réfrigérateurs, de machines à usiner des engrenages, d’équipements aéronautiques ou encore la construction et l’exploitation d’hôtels.

Hans Liebherr a dirigé le Groupe Liebherr jusqu’à son décès en 1993. Il a transformé la petite entreprise de matériels de construction en un groupe international qui est aujourd’hui chapeauté par la société suisse Liebherr-International AG, située à Bulle, et dont les propriétaires sont membres de la famille Liebherr. L’entreprise familiale est dirigée conjointement par les en­fants du fondateur, Isolde Liebherr et Willi Liebherr.

“Dans le sens d’une orientation précoce du Groupe vers l’avenir, depuis 2012 les premiers représentants de la troisième génération, à savoir Sophie Albrecht, Jan Liebherr, Patricia Rüf et Stéfanie Wohlfarth ont intégré la direction de branches particulières de l’entreprise”, explique-t-on chez le constructeur.

Une quinqua en Alsace

Liebherr-France SAS a été créée le 17 mai 1961. L’importance du marché français des pelles hydrauliques et la situation privilégiée de Colmar ont largement contribué au choix de cette ville pour son implantation. L’usine construite dans la zone industrielle de la ville alsacienne, sur une surface de 34 hectares, comprenait au départ un hall de production et un bâtiment administratif et so­cial. Au fur et à mesure du développement de l’entreprise, ces installations ont été modernisées et étendues en plusieurs étapes. Au­jourd’hui, avec ses huit halls de production, le site peut produire cha­que année quelque 2 000 pelles sur chenilles de 18 à 100 tonnes.

En 2012, le chiffre d’affaires a re­présenté 481 millions d’euros pour un effectif d’un peu plus de 1 300 per­sonnes. La gamme produite représente seize types de machines, de la R 906 à la R 974 dont certains nouveaux modèles seront présentés à la Bauma. Ces pelles sont affectées aux travaux de terrassement, aux applications en carrière, à la construction, au dragage, à la démolition, au creusement de tunnel et aux aciéries.

Il n’y a pas seulement des pelles équipées de moteurs thermiques mais aussi des pelles électriques.

Environ 20 % des pelles sur chenilles fabriquées à Colmar sont vendues sur le marché français tandis que 72 % à 80 % sont expédiées dans le monde entier. La production comprend également de nombreux équipements spéciaux pour travaux de démolition, manutention, construction de pontons ou de tunnel.

Les pelles minières attaquent

Enfin, toute extension sur le site primitif étant impossible par man­que de place, le choix a été fait de mettre en place une nouvelle structure à proximité de l’aérodrome de Colmar sur une surface de 17 hectares pour la fabrication des pelles minières.

Cette seconde usine, dont les travaux ont débuté en mai 2008, est devenue opérationnelle dès le mois de juillet 2010. L’entité Liebherr-Mining Equipement Colmar SAS a été créée le 1er juillet 2011. Elle est spécialisée dans la fabrication de pelles hydrauliques destinées à l’industrie minière et maritime. D’un poids en ordre de marche de 100 à 800 tonnes, la gamme de huit modèles reçoit des godets pouvant atteindre 45 m3. Dans ce secteur, les pelles adoptent une livrée blanche et non plus jaune.

Un bâtiment pour les pièces de rechange

En fait, on trouve sur ce site deux gros bâtiments. Le premier est un hall de montage consacré au montage des pelles, le second abrite le secteur pièces de rechange qui sont distribuées dans le monde. En effet, les pelles minières sont dimensionnées différemment des pelles destinées au marché de la construction. Par exemple, on peut considérer qu’une pelle de travaux publics qui, entre 12 000 à 15 000 heures de fonctionnement, a déjà bien travaillé alors qu’une pelle minière de 600 tonnes est configurée pour tenir au moins 60 000 heures soit une dizaine d’années. Il y a donc une forte activité en matière de pièces de rechange et d’échanges standard ainsi qu’une logistique en conséquence.

À ces bâtiments s’ajoute un bâtiment administratif qui abrite le bureau d’études, les services commerciaux et les services transport et logistique qui revêtent dans ce domaine des pelles minières une importance primordiale. En amont du bâtiment de production on trou­ve également les locaux de la gestion de production (bureau des méthodes).

Il faut noter que ces grosses pelles minières vont progressivement être remplacées par une nouvelle génération et adopter une nouvelle nomen­clature, celle des pelles 9000 (on garde le 9, marque de fabrique des pelles à chenilles hydrauliques Liebherr). Ainsi, la R 984 (100-120 tonnes) va être remplacée par la R 9100. Des dénominations plus simples et plus parlantes…

Les mineurs étaient là

Dans le hall d’assemblage, il n’y a pas de chaîne à proprement parler mais plutôt des îlots de montage sauf pour les “petits modèles” (R 984- à R 9100). Les composants sont amenés sur un poste de travail et sont assemblés au fur et à mesure. En outre, le constructeur ne va plus procéder systématiquement à un montage complet de l’ensemble de la machine mais va effectuer des essais sur les grands ensembles (châs­sis, tourelles, balanciers). On évite ainsi le montage à blanc complet d’une pelle de 800 tonnes. Cette méthode suppose toutefois une organisation des procédés et des contrôles de qualité particulièrement stricts.

Côté motorisation, en fonction de la taille de la machine, on trouve un ou deux “power packs” par tourelle. Ainsi, sur une R 9800, il y a deux power packs de 2 000 ch chacun. En outre, cette R 9800 est proposée en motorisation Cummins ou MTU selon les préférences de l’exploitant minier. Il existe également une version électrique de cette R 9800.

Autre point important : il faut savoir que sur les grosses pelles minières le coût d’achat est certes important, mais le gros de la négociation porte sur les coûts de maintenance (service fourni, pièces de rechange, taux de disponibilité de la machine).

Enfin, à cette gamme de pelles, Liebherr associe ses tombereaux miniers avec les T 282 de 400 short tons (363 tonnes métriques) de charge utile et le “petit” T 264 de 240 short tons (218 tonnes métri­ques). Ils sont fabriqués dans l’usine Liebherr de Newport News, dans l’Etat de Virginie aux États-Unis.

Cette visite a attiré nombre de membres venus du monde des carrières, mais pas seulement. On a aussi pu remarquer d’éminents représentants de grands groupes miniers (et sidérurgiques) que la Sim peut aussi s’enorgueillir de compter parmi ses membres… Tout comme Liebherr qui a accepté d’ouvrir ses portes.

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