m&c 209 - décembre 2013
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Le site Imerys de Luzenac contribue à alimenter le marché mondial de talc à hauteur de 5 %. Depuis son ouverture, 15 Mt de tonnes de talc marchand ont été écoulées et les réserves laissent espérer encore 40 années d’activité.
Située à 1 700 mètres d’altitude au-dessus du village de Luzenac (Ariège), la carrière de Trimouns est la plus grande carrière de talc en exploitation dans le monde et la seule en activité en France. Imerys Talc Luzenac France, qui exploite la carrière, produit chaque année environ 5 % de la demande mondiale. La société, fondée en 1905, emploie près de 230 salariés permanents. Une cinquantaine d’employés saisonniers renforcent les effectifs pendant la campagne d’extraction, de mai à octobre. Son chiffre d’affaires pour 2012 s’est élevé à plus de 80 M€.
Le talc, un minerai aux usages multiples
C’est le plus tendre des minéraux de la planète. On le rencontre à l’état naturel sous la forme d’une roche blanche. Le talc n’est pas uniquement destiné à adoucir la peau des bébés. Grâce à ses propriétés, il est aussi utilisé pour fabriquer des plastiques facilement recyclables pour l’automobile, rendant les véhicules plus légers, ce qui réduit la consommation de carburant. Une voiture contient en moyenne 8 kg de talc. Il est utilisé dans les pneus pour optimiser les performances mécaniques et physiques, mais aussi pour réaliser les pots catalytiques et les filtres à particules des moteurs Diesel afin de réduire les émissions de gaz d’échappement. Le talc sert aussi à réduire la consommation d’eau et l’utilisation de produits chimiques dans l’industrie du papier. Il accroît la durabilité et réduit les émissions associées aux peintures. Chaque année, le talc est ajouté à plus d’un milliard de litres de peintures. Le talc sert aussi à protéger les fruits contre les rayons UV nocifs, à fabriquer des revêtements pour les composants aéronautiques : il remplace à ce titre des métaux polluants, comme le cadmium et le chrome, et enfin il améliore bon nombre de produits de la vie quotidienne, comme les lasures, les carreaux de sol ou encore les médicaments ou le maquillage.
Le gisement de Luzenac
Le gisement de talc de Trimouns, dans les Pyrénées françaises, s’est formé il y a quelque 100 millions d’années, dans une faille comprise entre deux masses rocheuses, l’une composée essentielle ment de micaschistes et l’autre de dolomies. Il a déjà fourni près de 15 Mt de talc marchand et ses réserves connues laissent encore espérer plus de quarante années d’activité. Le gisement s’étend sur deux kilomètres. D’une largeur moyenne de 50 mètres, le filon de talc s’enfonce sous la montagne. Sa pente varie de 20 à 60 degrés suivant les endroits. L’extraction se fait à ciel ouvert. Située en altitude, la carrière est fermée de novembre à avril en raison des conditions climatiques. Parce que le filon de talc s’enfonce dans le sous-sol, il faut continuellement retirer les roches stériles qui le recouvrent et stabiliser la cavité. Des pelles hydrauliques de très grande taille, équipées d’un godet contenant jusqu’à 30 tonnes, remplissent d’imposants tombereaux qui acheminent les stériles vers une zone d’entreposage. Pour récupérer une tonne de talc valorisable, il faut déplacer une dizaine de tonnes de roches stériles.
Une extraction sélective
Une fois le filon dégagé, l’extraction du talc s’effectue le long de gradins. La nature hétérogène du gisement ainsi que la grande variété des utilisations industrielles du talc exigent une extraction et un tri hautement sélectifs. L’utilisation de petites pelles travaillant en butte, avec un godet étroit, permet d’effectuer cette sélection. En fin de tri, on obtient plusieurs types de minerais selon des critères de couleur, d’aspect et de texture. Une grande partie des minerais transite par une station de tri automatique, pour un tri optique par caméra. La caméra à haute résolution analyse la couleur de chaque morceau de talc et fait dévier sa chute par un jet d’air comprimé. Le trieur de la caméra est capable de détecter des morceaux de la taille d’un grain de riz. Cette technologie de pointe a l’avantage de récupérer le maximum de talc blanc et de répondre à la demande croissante du marché, tout en réduisant le nombre de tonnes extraites. Une fois triés et concassés, les minerais sont descendus vers l’usine via un téléphérique. Long de cinq kilomètres, celui-ci fonctionne à une cadence de 180 tonnes/heure. Vu de loin, il est difficile de s’imaginer que chacune des 100 bennes contient presque une tonne et demie de talc. Ce moyen de transport propre et sûr produit l’électricité nécessaire à son propre fonctionnement.
Un développement que l’on souhaite durable
Imerys talc Luzenac France déploie des efforts pour réduire l’impact de son exploitation sur les paysages, l’air et l’eau mais aussi pour limiter le bruit, économiser la ressource naturelle et l’énergie utilisée. L’entreprise est certifiée ISO 14001. Pour économiser les ressources, une nouvelle génération de trieurs dotés de caméras à haute définition sépare les minerais blancs, plus rares, des minerais gris, permettant de récupérer davantage de talc blanc et de valoriser les minerais gris. En son absence, le nombre de tonnes extraites du sous-sol serait multiplié par deux. Une autre source d’économie de la matière première s’appuie sur la planification de l’extraction à court et à moyen termes. Afin de gérer de façon durable les ressources minières, les équipes pilotent les opérations d’extraction en tenant compte de la géologie du gisement et des besoins du marché. À l’usine, des épurateurs limitent le déclassement des talcs blancs. Pour réduire la consommation d’eau, à la station de tri automatique, une station de pompage des bassins de décantation recycle l’eau utilisée pour l’usage industriel et d’en économiser 65 %. Sur la carrière, l’eau des bassins de décantation est recyclée et réutilisée pour laver les engins de chantier. Cette eau sert aussi à arroser les pistes pour éviter que les camions ne soulèvent la poussière en période sèche. Pour économiser l’énergie, l’usine de Luzenac a toujours utilisé l’énergie hydraulique pour faire tourner ses broyeurs. Aujourd’hui, 15 % de sa consommation électrique proviennent de ses trois centrales hydroélectriques. Le téléphérique fonctionne dès le démarrage avec un générateur et produit sa propre électricité. Ce mode de transport évite les nuisances sonores et les émissions de CO2 équivalant à une flotte de camions effectuant 15 000 allers-retours par an sur les 17 kilomètres qui relient la carrière et l’usine.
Un site à préserver
Pour respecter la biodiversité sur le site de Trimouns, les talus de roches stériles sont réaménagés au fur et à mesure de l’exploitation. Recouverts de terre végétale, ils sont engazonnés. Au cours des cinq dernières années, 15 hectares ont été végétalisés. De nouvelles techniques d’engazonnement complètent le savoirfaire de réhabilitation des équipes de Trimouns et optimisent l’usage de la terre végétale. Un bilan de biodiversité sur le site a été réalisé avec un inventaire de la flore et de la faune à proximité de la carrière et sur les zones déjà restaurées. Cette connaissance donne à l’entreprise la possibilité de gérer l’exploitation actuelle et les réhabilitations à venir, en favorisant le développement des espèces et des habitats naturels.
Les relations avec les communautés locales
L’entreprise est l’un des principaux acteurs de l’économie locale. Elle est classée au troisième rang des entreprises industrielles de l’Ariège et se situe parmi les 100 premières de la région Midi-Pyrénées. Sa stratégie de relations avec les communautés locales s’appuie sur plusieurs programmes comme la tenue d’un conseil consultatif, un espace de dialogue et de partage d’informations, mais aussi l’organisation de projets éducatifs avec les écoles locales, ainsi que la participation à la Journée européenne des minéraux (www.mineralsday.eu). En partenariat avec l’office de tourisme local, Imerys Talc Luzenac France ouvre ses portes au public. Chaque année, elle fait découvrir l’activité de sa carrière à quelque 7 000 visiteurs.